DU 03 AU 09 AVRIL 2019
Le Secrétaire de la Conférence
Très Révérend Pasteur Isaac BODJE
[/expander_maker]Culte d’Ouverture le 03 avril 2019 – Message du Très Reverend Josué AFFI
Les textes Bibliques
1 Corinthiens 4 : 1-2
Matthieu 25 : 14-30
Bienaimés dans le Seigneur, nous vous saluons au Nom de Jésus-Christ. Nous bénissons le Seigneur d’avoir fait de nous le Messager à ce Culte d’Ouverture de la 14e Conférence, dont le thème est à nouveau : « la Sécurité Alimentaire ».
Introduction
J’ai eu mon permis de conduire en 1991 et jusqu’en 2001, je n’étais pas capable de déplacer une voiture ici à Abidjan à cause des « woroworos » et des « gbakas ». Alors un jour, je prends un taxi compteur d’Abobo à l’aéroport. Je devais remettre un colis à un parent qui voyageait. J’ai expliqué mon urgence au conducteur qui semblait très jeune. Il m’a rassuré en me disant : « c’est un petit problème, en 2 temps 3 mouvements, on va casser, casser, frapper, gba aéroport…». Il parlait ainsi qu’il semblait des raccourcis maîtriser…
Il n’avait pas menti…effectivement en 2 temps 3 mouvements, casser, frapper, gba aéroport…nous voici à l’aéroport. J’ai tellement été impressionné par ses prouesses que je lui fais la proposition de revenir à Abobo. Grand frère, s’est-il exclamé, c’est propre, je suis calé…il y a longtemps moi-même j’ai pris drap de ça, c’est mon luck ou bien…dose…il tentait de m’expliquer que ma proposition de revenir avec lui était la meilleure et que lui il attendait. Depuis il savait que je reviendrai avec lui et que c’était sa chance.
Sur le chemin du retour je lui pose cette question : « mon petit, dis-moi pour conduire ici à Abidjan, il faut combien de temps ? Il m’a regardé dans le rétroviseur et m’a dit : « grand frère, y a pas temps, il faut cœur et il faut dein ».
La conduite ne se mesure pas par le temps, mais « il faut cœur », il faut le courage, et « il faut dein », qui veut dire il faut la vigilance…
Ton permis de conduire a fait 10 ans. « Grand frère, c’est parce-que ça prend pas racines sinon arbre est sorti sur ça, il y a longtemps »…une manière de me dire que si mon permis de conduire était un arbre, on aurait vu ses racines.
Grand frère, y a pas temps, il faut cœur et il faut dein. Ah oui, un véritable cours psycho-pratique d’auto-Ecole. Je venais de rencontrer un ange d’un autre genre.
Il a provoqué en moi un véritable déclic pour vaincre la peur, le doute, l’hésitation…
Le texte soumis à notre appréciation en ce jour, « la Parabole des talents » nous parle aussi de quelqu’un qui dit « qu’il a eu peur » : « j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre ; voici, prends ce qui est à toi » Matthieu 25 : 26.
Nous voudrions, aujourd’hui nous intéresser au 3e serviteur, le peureux parce que sa peur nous intéresse.
Nous passons souvent sans trop nous arrêter sur le cas du méchant serviteur. Pourtant, nous pouvons bien nous encourager les uns les autres à ne pas nous comporter comme lui, en méprisant le ou les talents confiés par le Seigneur, à cause de la peur.
Interprétation
Cette parabole montre aussi que lors du retour du Maître, il y aura des vrais et des faux serviteurs. L’histoire parle d’un homme qui, avant de partir pour un long voyage, appelle ses serviteurs et leur remet différentes sommes d’argent, à chacun selon sa capacité.
L’un reçoit cinq talents, un autre deux, et le troisième un. Ils avaient pour mission de faire fructifier cet argent dans l’intérêt du maître.
Celui qui avait reçu cinq talents en gagna cinq autres. Celui qui en avait reçu deux doubla son avoir, lui aussi. Quant à celui qui avait reçu un talent, il creusa un trou dans la terre et y cacha la pièce.
Cette parabole ressemble à celle de Luc 19:12-27, qui la complète admirablement. Dans Luc, il s’agit d’une parabole donnée à la foule par le Seigneur lors de son passage à Jéricho.
La parabole de Matthieu fut racontée seulement aux disciples, lorsqu’ils étaient assis à côté de leur Maître sur le mont des Oliviers
L’homme en question qui confie les talents aux serviteurs est Christ. Il accorde à ses disciples différents dons, ou talents.
Il s’agit aussi bien de dons naturels que de dons spirituels. Tout ce que nous avons vient de Dieu.
Voici le sens de la parabole : Christ confère des dons variés à différentes personnes en fonction de leurs aptitudes.
Aux uns, Il donne plus, aux autres moins. Mais quoi qu’Il nous donne, Il veut que nous nous en servions. S’Il nous accorde du terrain, Il veut que nous l’ensemencions.
Christ ne veut pas que nous Lui restituions simplement ce qu’Il nous a confié
Il s’attend à ce que nous Lui rendions tout ce que nous pouvons, notamment notre amour, notre foi, notre obéissance.
Dans la parabole, le serviteur qui ne reçut qu’un seul talent fut honteux. Il ne fit pas fructifier le talent que le maître lui avait confié. Il l’enfouit dans la terre.
Il accusa même son maître d’être dur, de moissonner où il n’avait pas semé. Son accusation n’était pas fondée.
Le mauvais serviteur essaya de se défendre en justifiant sa peur.
Il dit : « Je suis allé cacher ton talent. Je l’ai mis en lieu sûr. Le voici, reprends-le. Je n’ai rien gagné, mais je n’ai rien perdu non plus. »
Il espérait ainsi échapper au châtiment que méritait sa paresse.
Je savais que tu es un homme dur
L’accusation contre son Maître est insultante. Le terme « dur », et l’accusation qui suit, « tu moissonnes où tu n’as pas semé », affirment que le Maître était rude, sans sentiment, cupide, et sans scrupules quant à ses méthodes d’acquisition.
A la limite il a traité son maître de voleur
Ce méchant homme détestait tellement son Maître qu’il n’a même pas voulu lever le petit doigt. Il a trahi la confiance qui lui avait été faite.
Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé
Le maître se servit des propres paroles de l’homme pour l’accuser.
Le maître répondit : « Tu dis que tu me prenais pour un homme dur ? Alors pourquoi n’as-tu pas placé mon argent dans une banque où il m’aurait rapporté des intérêts ? Tu m’as volé. Tu n’as pas fait un bon usage de ce que je t’avais confié. »
L’accusation qu’il porta contre son maître même si elle avait été vraie – ne justifiait en rien son inaction et sa paresse.
Mais tout ce qu’il pouvait montrer de son œuvre n’était qu’un trou !
Serviteur méchant et paresseux
La méchanceté du serviteur est démontrée, non seulement par son infidélité, mais par ses excuses fausses et pleines de calomnie, tout cela habillé selon lui par la peur de son Maître.
Application
« J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre ; voici, prends ce qui est à toi ».
Que retenir pour nous au cœur du thème : « la sécurité alimentaire » ? Que reproche-t-on au 3e serviteur ?
Ce serviteur, nous le comprenons d’autant mieux qu’il nous arrive d’être face à des situations très dures qui nous font tellement peur que nous en perdons nos moyens, nos facultés.
Ce serviteur, c’est l’étudiant qui se retrouve muet devant son examinateur, c’est cette personne qui tremble quand elle passe son permis de conduire et qui oublie de regarder dans son rétroviseur, de mettre son clignotant, ce qui ne lui arrive jamais en temps normal.
Ce serviteur, c’est cet employé qui doit présenter un projet à son chef de service et qui a peur de ne pas être à la hauteur de la situation.
C’est cette chanteuse qui se retrouve aphone, sans voix devant le public,
C’est l’acteur qui oublie son texte sur scène, c’est l’homme qui est désemparé devant la maladie grave de son ami et qui a tellement peur de le blesser un peu plus qu’il en devient maladroit et blessant.
Ce serviteur, c’est l’amoureux qui a peur de perdre son être aimé et qui en devient gauche et désagréable.
La peur d’utiliser une carte magnétique
La peur d’une opération chirurgicale alors on ne va pas à l’hôpital
La peur de prendre l’avion
La peur de se marier
La peur nous fige, elle nous endurcit et, comble du paradoxe, elle rend les choses encore plus difficiles, les situations encore plus dures à affronter.
Pour le dire avec le théologien du Process, John Cobb, lorsqu’on se ferme à ce que Dieu nous propose, lorsqu’on se prive des nouvelles possibilités que Dieu nous offre, nous réduisons nos possibilités d’être, nous amputons une partie de nous-mêmes, nous limitons nos potentialités, nous nous refermons sur nos capacités propres qui ne sont souvent pas plus brillantes que celle d’une pauvre paille face à une pomme de terre crue.
C’est la raison pour laquelle, au rugby, vous serez pénalisés à chaque fois que vous retiendrez le ballon au sol car, en agissant ainsi, vous empêchez le jeu de se développer : cacher le ballon au sol, c’est mettre un terme au champ des possibles et, si l’arbitre vous sanctionne, c’est parce que vous vous êtes condamnés à l’impasse.
Lorsqu’on se ferme à ce que Dieu nous propose, lorsqu’on se prive des nouvelles possibilités que Dieu nous offre, nous réduisons nos possibilités d’être, nous amputons une partie de nous-mêmes, nous limitons nos potentialités, nous nous refermons sur nos capacités propres.
L’arbitre ne fait qu’annoncer haut et fort que vous avez arrêté le jeu… il n’y a plus qu’à passer le ballon à l’autre équipe, le talent à l’autre serviteur.
Pourquoi et comment une seule personne peut avoir un Immeuble, deux immeubles et ça marche mais quand il s’agit de reproduire la même chose pour l’Eglise, on n’y arrive pas…
Pourquoi et comment une seule personne peut réussir dans le commerce en important des voitures et ça marche mais quand il s’agit de reproduire la même chose pour l’Eglise, on n’y arrive pas…
Pourquoi et comment une seule personne peut réussir dans le projet de plantations, fermes… et ça marche mais quand il s’agit de reproduire la même chose pour l’Eglise, on n’y arrive pas…
Mieux pourquoi et comment des communautés Méthodistes au Ghana et autres pays Anglophones réussissent dans le commerce, le transport, les plantations, l’Hôtellerie… A Nairobi, au Kenya le complexe Hôtelier Méthodiste fait rêver…
Certainement comme le 3e serviteur, tout le monde a peur…
Le Surintendant a peut-être peur, tout le disciple a peut-être peur. Le Pasteur principal a peut-être peur, le Pasteur associé a peut-être peur, le Pasteur proposant a peut-être peur…tout le monde a peur…
Le Président des Laïcs a peut-être peur…
Le PCFA a peut-être peur…
Le Responsable du Patrimoine, lui il fait du surplace…le jour où toutes les assiettes vont se casser et que les cuillères et fourchettes auront disparu sa mission aura terminée…il a aucune politique pour les remplacer parce qu’il a peut-être.
Nous disons non et encore non parce que la sécurité alimentaire appelle aussi à une autonomie financière de nos églises locales, de nos circuits et districts. Ils ne peuvent être autonomes que s’ils ont des ressources additionnelles fruits des projets déjà initiés.
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders religieux et Laïcs…des hommes et des femmes de vision, capables de faire décoller l’Eglise.
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders des hommes et des femmes de vision, audacieux capables de nous pousser au vrai investissement afin de nous rendre autonome financièrement…
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders des hommes et des femmes de vision, capables de nous sortir de certaines cotisations régulières…
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders religieux et Laïcs…des hommes et des femmes qui peuvent nous sortir de la routine, de la monotonie habituelle.
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders religieux et Laïcs…des hommes et des femmes capable de tuer l’immobilisme…
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders religieux et Laïcs…des hommes et des femmes capable de créer, d’innover dans le sens du développement…
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders religieux et Laïcs…des hommes et des femmes audacieux capables d’oser…
La parabole des talents illustre parfaitement la tragédie des occasions manquées.
Cet autre serviteur, celui qui avait reçu 5 talents et qui, les ayant faits travailler, en a obtenu 5 autres, illustre l’attitude qui convient mieux en pareille circonstance.
Ce serviteur ouvre le jeu, il fait preuve d’un esprit d’ouverture contrairement à l’autre serviteur qui avait tellement le souci d’être irréprochable qu’il en était devenu égocentrique.
Ce serviteur aux 10 talents a fait preuve d’un bel esprit d’ouverture qui n’est pas sans rappeler ce que Calvin dira au sujet de l’économie quelques siècles plus tard: « Or l’Ecriture nous montre que tout ce que nous avons reçu de grâce du Seigneur, nous a été confié à cette condition que nous le conférions au bien commun de l’Eglise »
Dieu ouvre notre esprit à toutes sortes de possibilités pour libérer notre énergie créatrice, pour nous rendre capables de faire preuve de souplesse en fonction des situations que nous rencontrons, pour ne pas avoir peur tout de suite de ce que nous découvrons.
Dieu ouvre notre esprit à toutes les libéralités qu’il nous propose et qui sont autant de moyens qu’il met à notre disposition pour féconder le monde, pour le rendre plus beau, plus intéressant.
Cette parabole nous révèle que Dieu tient compte du fait que chacun à des capacités différentes, des rythmes différents, des idées différentes et que ces différences ne sont pas un obstacle dans la vie. Ce qui fait obstacle, c’est lorsque nous nous enfermons dans le fanatisme d’une vision unique des choses, dans le fanatisme d’une orthodoxie qui ne fait que nourrir la peur: la peur de l’extérieur, la peur de l’autre, la peur de l’échec.
La raison profonde de cette attitude du 3e serviteur provenait de la peur : peur des conséquences pour lui-même du travail qu’il fallait accomplir, peur d’être mis en cause en cas d’échec, en un mot peur de prendre ses responsabilités.
C’est vrai que, dès que nous bougeons, nous prenons un risque, de telle sorte que toute la vie est une suite de risques. Si nous ne prenons aucun risque, nous mourons.
L’important, ce n’est pas d’avoir de grandes capacités, c’est d’utiliser, sans peur, avec amour et dévouement, celles dont nous disposons, même si elles nous paraissent réduites
Prenons humblement en charge un service dans l’assemblée en surmontant la crainte d’être critiqués.
Prendre des risques pour le Seigneur et avec lui, nous conduira à faire des expériences heureuses de sa bonté et de sa fidélité.
C’est la fidélité que le maître attend d’eux, mais la parabole suggère que tous ceux qui seront fidèles porteront du fruit. Celui qui n’aura porté aucun fruit sera démasqué comme un hypocrite et sera finalement détruit.
« Ainsi, qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu. Du reste, ce qu’on demande des dispensateurs, c’est que chacun soit trouvé fidèle » 1 Corinthiens 4 : 1-2.
Craignons de déplaire à notre Maître, oui ! Mais, dans le chemin de l’obéissance et du dévouement, n’ayons peur de rien ni de personne !
Un jour, en arrivant à leur travail, les employés ont trouvé une note sur la porte: « La personne qui empêchait votre évolution dans cette entreprise est décédée hier. Nous vous invitons à assister aux funérailles dans la pièce qui y a été consacrée.
Au début tout le monde a été touché par cette mort. Mais après un moment, les employés ont été curieux de découvrir qui était cette personne qui les empêchait d’évoluer. Pendant l’enterrement, les employés étaient impatients de pouvoir enfin connaître l’identité de cette personne. « Qui est ce gars m’empêchait de progresser » dit l’un d’eux. « Au moins il est parti maintenant » dit l’autre.
Chaque employé a eu l’opportunité de jeter un coup d’œil dans le cercueil, mais chacun d’eux est revenu sans voix. Quelque chose à touché la plus profonde partie de leur âme. Il n’y avait qu’un miroir à l’intérieur du cercueil. Chaque employé ne voyait que son reflet dans le cercueil.
À côté du miroir il y avait un écriteau qui disait: il n’y avait qu’une personne qui peut t’empêcher de devenir meilleur : Toi. Tu es la seule personne capable de révolutionner ta propre vie. Tu es la seule personne capable d’influencer ton bonheur et ton succès . Tu es la seule personne capable d’apporter de l’aide à toi-même.
Ta vie ne change pas quand ton boss change, quand tes amis changent, quand ton partenaire change, quand ton travail change. Ta vie change quand tu changes, quand tu te libères des croyances qui te contraignent, quand tu réalises que tu es le seul responsable de ta vie. La plus importante relation que tu peux avoir, est celle que tu as avec toi-même.
La vie est comme la conduite à Abidjan et notre permis est dans le terroir…
L’Eglise a besoin d’une nouvelle génération de leaders des hommes et des femmes comme me le disait le conducteur de taxi compteur…qui “prennent Cœur”…et qui “dein”.
AMEN !
Culte de clotûre de la 14ème Conférence Annuelle le 07 avril 2019 – Prédication
Textes : 1 Rois 17 :8-16 et Matthieu : 14 :13-21
« C’est en traitant autrui comme une personne à part entière, que nous devenons nous-mêmes une personne digne de ce nom. C’est en reconnaissant sa dignité que nous honorons la nôtre. Il n’y a pas de véritable humanité qui ne fasse place au souci de l’autre et de son humanité ».
En ce culte de clôture de la 14ème conférence annuelle de l’EMUCI, c’est par ces mots de Grellier Isabelle de la Faculté protestante de Strasbourg que nous vous saluons, Eminence Bishop Benjamin Boni, honorables invités et délégués, frères et sœurs en JC,
Depuis quelques jours, nous sommes rassemblés ici, autour du thème : « sécurité alimentaire et Eglise ; soutenu par le verset 16 de Mt. 14 qui dit :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger »
Notre tâche, ce matin consistera précisément à nous pencher sur ce texte de Matthieu et à y puiser l’inspiration et la force dont nous avons besoin pour être de vrais chrétiens et mériter notre place de collaborateur et partenaire de Dieu, pour soulager toutes les misères de la condition humaine.
Pour ce faire, nous tenterons de répondre aux trois interrogations suivantes :
– Dans quel contexte parle Jésus ?
– Que dit-il à ses disciples ?
– Que nous dit-il en tant que croyant et Eglise aujourd’hui ?
« Donner leur vous-mêmes à manger » Matthieu 14 : 16 |
Chers frères et sœurs en Christ,
Tout d’abord, rappelons-nous que ces paroles de Jésus répondent à une préoccupation pressante des disciples.
Apres l’agitation de la mission et la nouvelle de la mort de Jean, le Baptiseur, Jésus se retire à l’écart dans un lieu désert avec ses disciples. Malgré le retrait de Jésus dans ce lieu inhabité en vue de se reposer, il y est rejoint par une grande foule. C’est profondément ému de compassion que Jésus accueille cette foule, dont il guérit les malades.
Quand le soir arrive, les disciples, inquiets, pour cette multitude qui n’a rien à manger, lui suggèrent de la renvoyer. Remarquons bien que le verbe renvoyer, entre en opposition forte avec le verbe accueillir.
En voulant renvoyez ceux que Jésus a accueillis, les disciples trahissent un complexe de supériorité, ils considèrent leur situation comme un privilège, ils se comportent comme des élus condescendants, presque comme une garde rapprochée.
Face à cette suggestion des apôtres, Jésus leur renvoie la responsabilité de l’accueil, dans toute sa dimension :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger »
Que signifient ces paroles ? Que dit Jésus à ses disciples ?
En effet, les disciples ont constaté qu’effectivement une grande difficulté allait se présenter parce qu’il se faisait tard. Tous les gens avaient faim et il n’y avait rien à leur offrir pour les soulager. Visiblement préoccupés, ils suggèrent à Jésus de renvoyer la foule. Mais Jésus leur répond : Non, les gens n’ont pas besoin de s’en aller.
« Vous allez vous-mêmes leur donner à manger ».
Nous constatons que Jésus a mis sur les épaules des Apôtres, la responsabilité de nourrir cette grande foule de cinq mille personnes sans compter les femmes et les enfants.
Nous sommes persuadé que cette expérience a marqué à jamais la mémoire des disciples. Ils ont dû murmurer certainement entre eux : Le seigneur nous commande de nourrir cette multitude.
Mais avec quoi ? Nous n’avons pas assez pour les rassasier !
Mais le savez-vous ?
Ce que Jésus demandait à ses disciples, il nous le demande pareillement aujourd’hui.
Jésus regarde notre monde, voit sa misère et nous dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
Et nous nous disons : comment pouvons-nous le faire, vue l’immensité de la tâche qui nous attend.
Bien souvent, notre première réaction est de dire : « nous n’avons pas grand-chose à offrir ».
Bien aimés,
Le miracle de la multiplication des pains est passé par la compassion que Jésus eût d’abord pour la foule.
Le mot compassion en grec désigne les entrailles ; les organes contenus dans le ventre. Ce mot est employé pour parler plus spécifiquement des intestins.
Avoir compassion signifie littéralement être remuer dans ses intestins. La compassion est un sentiment qui se rapporte à quelque chose de viscérale en nous ; à une partie profonde et intime de notre personne.
Lorsque Jésus aperçu la foule ; il vit qu’ils étaient affamés. Il s’identifia à leur faim. La vue de tous ces hommes avec leurs besoins lui transperça le cœur. Il leur prêta une grande attention. Il était sensible à leur besoin et en fut affecté.
Cela incita Jésus à montrer aux disciples la nécessité d’exercer la même compassion à l’égard des hommes.
Dieu a créé l’homme et lui a donné une dimension spirituelle certes, mais aussi intellectuelle, émotionnelle et corporelle.
Dieu désire son bien-être dans chacune de ces dimensions. Et c’est ce que Jésus a démontré en répondant aux besoins matériels de cette foule affamée à travers cet acte surnaturel inspiré par la compassion.
Que dit Jésus à l’Eglise et surtout au croyant dans un monde où la sécurité alimentaire est devenue une menace pour l’humanité ?
Bien aimés dans le Seigneur
L’ordre de Jésus : « Donnez-leur vous-mêmes à manger », reste interpellateur.
Ce miracle doit nous faire comprendre que la vocation de l’Eglise est d’accueillir sans hésitation et sans calcul tous ceux qui viennent à la rencontre du Christ.
Il ne peut être question de renvoyer ceux qui viennent à la rencontre du Christ dans un repli communautaire qui serait la négation même de l’Eglise envoyée précisément annoncer la bonne nouvelle de la venue du royaume.
L’Eglise en tant qu’assemblée des appelés, est invitée à jouer son rôle prophétique.
Par ce miracle, le seigneur montre à l’Eglise, sa part de responsabilité dans l’œuvre divin. Il demande à celle-ci, de s’occuper concrètement, en fournissant le nécessaire à ceux qui ont faim.
Près de nous et même partout ailleurs, il y a un nombre impressionnant d’affamés qui attendent que nous leur donnions à manger.
Il est facile de se sentir dépassé par l’immensité de la tâche :
Nous regardons nos maigres ressources, nos cinq pains et deux poissons et nous nous disons : « jamais nous ne pourrions nourrir une telle foule ». Ou encore,
Nous n’avons pas assez de ressources pour tout le monde. Aussi, nous nous laissons gagner par un sentiment d’impuissance.
Dans un tel contexte, le miracle de la multiplication des pains devient une leçon spirituelle d’encouragement.
Le, « Donnez-leur vous-mêmes à manger », exhorte clairement à annoncer le Christ par des actes concrets, à manifester sa réalité, en travaillant à soulager toutes les misères de la condition humaine.
Ainsi, l’Eglise n’a pas le droit de se dérober de sa mission. Elle a le devoir de toujours œuvrer pour que la nourriture soit :
C’est pourquoi, elle devra faire un plaidoyer pour la bonne utilisation des forêts et des terres afin d’éviter toute déforestation abusive et pollution des terres qui pourraient mettre en péril la sécurité alimentaire.
Elle doit mettre l’accent sur l’alimentation des nécessiteux, en plaidant et en faisant pression pour des systèmes d’aide directes et rapides pour appuyer les personnes de faibles revenus qui souffrent de la faim en raison de l’injustice, des catastrophes naturelles ou des conflits.
Elle doit plaider pour un développement rural durable. Rechercher des technologies nouvelles et adaptables pour les agriculteurs.
Plaidoyer en faveur des structures de micro-crédit et de la protection des marchés locaux.
Elle devra lutter contre la violation du droit à la nourriture.
Elle doit encourager l’accès aux terres et aux ressources nécessaires à la production alimentaire.
Elle devra encourager la mise en place d’un partenariat solide avec la coopération internationale tout en travaillant avec les décideurs et les responsables politiques pour éradiquer la faim.
Quel message pour vous, candidats à la consécration, vous qui allez faire vos premiers pas en tant que pasteur dans l’Eglise de Jésus-Christ ?
Oui, chers candidats à la consécration,
Vous avez été appelés et mise à part dès le sein maternel comme le prophète Jérémie et vous êtes désormais les témoins de Dieu au milieu des hommes. Par l’imposition des mains du Bishop Benjamin Boni, et de tous les pasteurs ici présents, vous participerez désormais d’une façon spéciale au sacerdoce éternel de Jésus-Christ. Bien sûr, vous êtes des baptisés et chaque baptisé participe à sa façon au sacerdoce royal de sanctification de tout le monde créé. Par votre baptême, vous êtes entrés dans le peuple de prêtres, le peuple de rois.
Mais aujourd’hui, la main de Dieu qui s’est posée sur vous et qui sera confirmer publiquement par celles du Bishop et des autres pasteurs, vous détache du lot et vous confère le sacerdoce ministériel qui est un grade au-dessus du sacerdoce des simples fidèles.
Vous devenez les Hérauts de Dieu. Partout vous allez crier à temps et à contre temps les paroles que le Seigneur mettra sur vos lèvres. Ces paroles seront douces dans votre bouche, mais dans vos entrailles, elles deviendront un moteur, un feu dévorant qui ne vous laissera plus de répit.
En devenant pasteur consacré, vous serez investi du pouvoir prodigieux de changer le pain en corps glorieux de Jésus et le vin en son sang. Ce geste sublime est indispensable à la vie de la communauté dont vous aurez la charge. Aucun laïc non ordonné ne peut reproduire cette merveille.
Concernant la multiplication des pains, il est bon à savoir que ce miracle n’a pas été opéré pour impressionner qui que ce soit. Jésus n’a invité personne pour se faire voir : il ne s’est pas comporté comme un gourou, il n’a pas montré que cette puissance qui avait opéré le miracle venait de lui mais plutôt de Dieu pour la gloire de Dieu.
Oui, ce miracle est le résultat de l’alliance entre la foi confiance des apôtres et la puissance de Dieu. Il est conjointement le miracle des disciples et de Jésus.
C’est pourquoi, vous devez constater avec Jésus la misère du monde, manifeste par le scandale de faim et la crise alimentaire mondiale et soyez des acteurs de développement pour donner l’espérance à notre peuple.
Soyez des partenaires et des collaborateurs de Jésus pour accompagner le peuple de Dieu qui se comporte comme des brebis sans berger. L’Eglise de Jésus-Christ attend beaucoup de vous et le monde aussi. Alors, prenez votre place et honorez votre engagement de fidélité à Jésus et à l’Eglise. Soyez désormais, par tout votre être et agir, les témoins en actes et en vérité dont le Christ a besoin pour sauver le monde en grand désarroi.
Quant à vous chrétiens, en tant que membre d’une communauté de foi, soyez directement engagés et responsabilisés par Dieu dans le combat pour le salut du monde.
Jésus exprime à ses disciples le besoin qu’il a de leur engagement confiant et total à ses côtés, et vous exhorte tous à croire que le peu que vous pouvez lui apporter et lui confier portera du fruit pour beaucoup.
Ce que Dieu veut accomplir, il ne veut, ni ne peut désormais l’accomplir sans nous, car il ne peut se renier.
Nous sommes appelés par le christ pour apprendre, comme les premiers disciples sous sa direction aussi bienveillante qu’exigeante, à collaborer à l’œuvre du salut.
Le récit de la distribution des pains nous interpellent directement en tant qu’individus et en tant qu’Eglise.
Resterons-nous encore longtemps inactif face à la misère et à la situation de précarité de notre peuple ? Non !
Eminence Bishop Benjamin Boni, honorables invités et délégués, chers candidats à la consécration et Bien aimés dans le Seigneur, nous sommes prévenus.
Retroussons nos manches et mettons-nous au travail aux côtés de Dieu pour rendre disponible nos ressources afin d’en faire bénéficier les autres. Au fur et à mesure que nous donnons, Dieu nous donnera de plus en plus à partager. Donnons à Jésus avec confiance le peu que nous possédons. Attendons-nous à sa puissance. Il peut combler toute personne.
Que le Seigneur Jésus-Christ collabore avec nous dans notre agir quotidien. Puisse son Saint Esprit nous éclairer dans nos actions de tous les jours.
Que Dieu vous bénisse,
Que Dieu bénisse l’EMUCI
Que Dieu bénisse la côte d’Ivoire et tous nos Gouvernants !
Amen !